Les zones mal desservies en haut débit sont des opportunités pour les initiatives publiques FTTH.

Point de vue de Stéphane LELUX, Président Tactis Source: Cités Numériques 2011 Le Très Haut Débit est un enjeu majeur pour l’aménagement et le développement économique des territoires, mais l’ampleur des investissements (30 milliards) et le temps de déploiement (15 à 20 ans) nécessitent de fixer une stratégie pour rechercher l’efficacité maximale de l’action publique….

Point de vue de Stéphane LELUX, Président Tactis Source: Cités Numériques 2011

Le Très Haut Débit est un enjeu majeur pour l’aménagement et le développement économique des territoires, mais l’ampleur des investissements (30 milliards) et le temps de déploiement (15 à 20 ans) nécessitent de fixer une stratégie pour rechercher l’efficacité maximale de l’action publique.

Les schémas directeurs (SDTAN et SCORAN) sont des opportunités pour bâtir une feuille de route efficace qui conduise vers le très haut débit pour tous. Les premiers arbitrages relatifs aux actions prioritaires seront déterminants notamment ceux concernant les zones mal desservies en haut débit.

La France est incontestablement en retard mais le marché devrait se réveiller d’ici 18 mois Fin 2010, les chiffres du très haut débit et notamment du FTTH en France, mettent en évidence le retard de notre pays pour la migration vers cette nouvelle génération de réseau. En un an, à peine 40 000 nouveaux clients ont souscrit un abonnement FTTH pour un total d’environ 100 000 abonnés soit 0,4% des foyers, ce qui positionne notre pays en 12ème rang européen (derrière tous les pays scandinaves et certains pays d’Europe centrale), les meilleurs dépassant 10% de pénétration.

En Asie, le Japon et la Corée du Sud renforcent leur domination mondiale avec respectivement 25% et 15% de pénétration. La régulation française poursuit ses efforts pour inciter les opérateurs télécoms à partager plus encore leurs infrastructures FTTH, ce qui est du bon sens économique et le minimum pour assurer concurrence et effort pour la couverture du territoire.

Cependant, l’absence de moteur incitatif (pression concurrentielle externe à l’ADSL trop faible) a fait jusqu’alors défaut. En effet, la concurrence du réseau câblé modernisé face aux opérateurs ADSL n’a pas permis d’enclencher une dynamique forte, faute à la moindre performance commerciale de Numéricâble.

Les opérateurs ADSL continuent à dominer le marché (95% de part de marché). Cependant, l’arrivée en 2010 d’un nouvel acteur dans le marché du fi xe (Bouygues Télécom) motivé par la perspective d’ici 2012 du lancement de Free Mobile peut se révéler un moteur pour l’ensemble du secteur.

En moyenne 60% des foyers et entreprises resteront hors du programme d’investissements des opérateurs ! L’ARCEP a défini en 2009, une liste de 148 communes couvrant environ 3 millions de foyers, pour lesquels les opérateurs envisagent une couverture totale en FTTH à laquelle viennent s’ajouter les annonces des opérateurs (déclarations via le guichet « A » du grand emprunt ou initiatives en propre).

France Télécom, le plus ambitieux, cible entre autre toutes les préfectures départementales.

Pour les territoires, il est difficile d’anticiper précisément où les opérateurs iront ou n’iront pas réellement, d’autant plus qu’une large part des communes désignées ne feront l’objet d’aucun engagement contractuel ni avec l’Etat, ni avec l’ARCEP ou les collectivités locales. Structurellement, l’on peut cependant considérer que la zone d’emprise actuelle du réseau câblé (environ 9,5 millions de foyers) correspond à un périmètre maximal sur lequel la concurrence par l’infrastructure s’exercera probablement à terme et devrait donc disposer d’une couverture FTTH par l’investissement des opérateurs. Le marché français du FTTH va donc progressivement décoller, mais les collectivités territoriales peuvent sans plus attendre agir. L’étude menée par TACTIS met en évidence qu’environ 60% des logements et entreprises seront non couverts par les investissements des opérateurs télécoms y compris avec l’appui de l’Etat via le « grand emprunt ».

Plus encore, pour 50% des départements les moins bien lotis ce sera 75% des foyers et entreprises qui resteront hors de portée des projets FTTH privés. Les zones inéligibles à l’ADSL et au triple play offrent des opportunités stratégiques à ne pas rater pour l’aménagement du territoire Pendant que les plus chanceux disposeront d’offres concurrentielles très haut débit (FTTH et câble), près de 500 000 foyers resteront inéligibles à l’ADSL ou à l’internet par le câble et plus de 25% des foyers inéligibles au triple play. Sur une région comme Rhône-Alpes plus de 100 sous-répartiteurs sur 9000, comptent au moins 50 foyers inéligibles à l’ADSL et 3000 comptent plus de 50 foyers inéligibles au triple play.

L’aménagement numérique des territoires est donc face à un double enjeu, d’une part créer un écosystème pour que les métropoles et zones prioritaires conservent leur attractivité, ce qui peut conduire à des interventions publiques y compris en zones très denses et en périphérie. D’autre part, de ne pas considérer les zones rurales mal desservies en haut débit comme durablement condamnées à recevoir tardivement une offre THD de moindre qualité que celle des zones urbaines denses.

Envisager le passage direct au FTTH face aux options alternatives de montée en débit dans les zones mal desservies Pour les collectivités locales, dans leurs schémas directeurs, le traitement de ces zones ressort naturellement comme l’une des préoccupations prioritaires. Certains envisagent de mettre en place des solutions dites de « montée en débit » via des technologies ADSL, radios ou satellitaires. Mais une autre approche, qui peut sembler utopique, consiste à équiper directement en FTTH les zones de sous-répartition ayant au moins quelques dizaines de foyers non éligibles à l’ADSL ou au triple play.

Cette démarche a plusieurs vertus. Sur le plan politique elle est très lisible et positive car permet à la collectivité de cibler des zones où la population est en forte attente d’intervention, sans risque de conflit avec les opérateurs qui les délaissent. Pour la collectivité cela peut être une première étape consensuelle car répartie sur plusieurs points du territoire, concrète et d’un coût budgétaire progressif qui pourrait s’inscrire dans le plan global de couverture très haut débit pour tous à terme. Sur le plan technique, cela permet de bâtir simultanément des plaques locales ciblées avec un réseau de collecte structurant. Sur le plan économique, ce ciblage peut paraître risqué (lignes souvent les plus coûteuses à construire) mais dans les faits, il n’est pour autant pas aberrant et même probablement judicieux pour un territoire. En effet, dans cette zone, les clients insatisfaits par l’ADSL seront immédiatement intéressés par le passage au FTTH.

C’est le cas notamment dans des départements comme l’Ain ou la Haute-Savoie où les zones desservies en FTTH captent en quelques mois près de 90% des foyers et entreprises qui ne sont pas éligibles à l’ADSL ou même à un débit permettant l’équivalent du triple play. Cette adoption très rapide est d’autant plus forte si la même zone cumule une mauvaise couverture TNT. Le modèle économique de l’approche directe FTTH bénéficie d’un taux de pénétration clientèle bien meilleur que celui des zones très denses. En effet, l’écart perçu par les clients entre une offre triple play de très bonne qualité et la nouvelle offre FTTH ne déclenche pas une adhésion massive du fait de la qualité du réseau ADSL dans ces zones.

Ce constat conduit à s’interroger sur l’opportunité dans les zones mal desservies en haut débit à procéder à une montée en débit. Il est important de bien étudier les avantages et inconvénients des deux approches, notamment sur le plan économique. En effet, la montée en débit se traduit par un modèle de dépense par ligne très significatif (300 à 1000 euros) sans recette (du fait que les opérateurs FAI ne sont pas disposés à payer plus cher un réseau amélioré ADSL) face à un investissement FTTH qui reste plus important mais limité (2 fois en moyenne) mais offrant des perspectives de recettes pour l’infrastructure nouvellement créée (basculement de la location des liaisons FT, taux de pénétration important et rapide). De plus, il faut analyser les conséquences d’un choix à court terme de montée en débit sur le passage au THD à moyen terme (taux de pénétration réduit pour le basculement FTTH). Cependant, plusieurs éléments techniques conditionnent le succès d’une approche directe FTTH.

En premier, le ciblage de groupements d’habitats pertinents (type hameau ou centre bourg) adaptés aux solutions filaires FTTH, ce qui est moins évident pour l’habitat totalement isolé pour lequel les technologies radio peuvent s’imposer. En deuxième, le raccordement des poches FTTH à un réseau de collecte très haut débit est indispensable (Fibre ou parfois si justifié FH). En troisième, la recherche d’un regroupement par plaques d’au moins 300 et plutôt idéalement 1000 prises FTTH conformément à la décision de l’ARCEP de décembre 2010. Il s’agit notamment de permettre l’arrivée des opérateurs FAI nationaux en plus de l’offre d’opérateurs locaux. Pour les collectivités locales, il est important d’analyser précisément ce point dans leurs stratégies. La finalité est de permettre aux foyers, entreprises et services publics l’accès à une gamme de nouveaux services indispensables à terme au développement économique et à la qualité de vie des citoyens.

18 Fév 2011

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