À l’initiative de son maire, Benoist Apparu, et du président de la communauté d’agglomération, Jacques Jesson, par ailleurs maire de Saint-Martin-sur-le-Pré, l’agglomération de Châlons-en-Champagne (Marne, 55 644 habitants) a lancé un projet de territoire connecté, « Connecte Châlons », qui fait du développement numérique une priorité, en particulier en soutien aux politiques environnementales. Porté par la ville-centre, la communauté d’agglomération mais également les communes de Saint-Martin-sur-le-Pré et Fagnières, il a été accompagné par le cabinet Tactis qui a assuré l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Son directeur général, Cédric Bellan, qui a suivi la mise en place de l’opération à Châlons-en-Champagne, nous présente l’expérience.
Entretien :
La Lettre du Maire : Châlons-en-Champagne et les communes environnantes constituent une agglomération de taille moyenne, ce qui montre que le territoire connecté n’est pas réservé aux métropoles. Comment est née l’idée de développer ce projet ?
Cédric Bellan : pour qu’un tel projet naisse et rencontre le succès, il faut une volonté politique et, en l’occurrence, elle existait avec les maires de Châlons et de Saint-Martin-sur-le-Pré. Les élus avaient deux objectifs majeurs : répondre aux nouvelles attentes des usagers et faire face aux enjeux énergétiques. La communauté d’agglomération et la ville-centre, Châlons-en-Champagne, souhaitaient aussi renforcer la mutualisation de leurs services. Il est également important d’associer les agents qui vont utiliser les services, à toutes les étapes, de leurs besoins à la définition des termes du marché.
La LDM : justement, à Châlons-en-Champagne, quels sont les services proposés ?
C.B : 7 290 points lumineux seront rénovés en 100 % LED, dont 2 170 seront pilotés à distance. 510 détecteurs de présence seront aussi installés pour compléter le dispositif. Le contrat prévoit un engagement de réduction d’énergie de 79 % en moyenne sur l’éclairage public pour les quatre collectivités. Sur les bâtiments, c’est un autre engagement, de 33 % sur la consommation énergétique des bâtiments publics. Le contrat prévoit un engagement de réduction des consommations d’énergie de 79 % en moyenne, soit 7,7 millions d’euros d’économie sur la durée du contrat.
Par ailleurs, en matière de mobilité, 25 carrefours à feux tricolores seront rénovés pour fluidifier le trafic et 32 bus équipés d’un système de priorisation pour diminuer le temps de trajet. Un dispositif de supervision permettra également d’optimiser progressivement le stationnement en centre-ville en informant les usagers des places disponibles.
La LDM : pour la gestion des bâtiments, les services proposés (avec l’installation de capteurs) permettent-ils aux communes d’atteindre les objectifs qui leur sont assignés par le décret tertiaire ?
C.B : bien entendu, le prestataire va évaluer la consommation d’énergie des bâtiments et proposer les travaux permettant de faire des économies substantielles.
La LDM : comment la population peut-elle profiter du service rendu ?
C.B : les informations collectées ne seraient d’aucune utilité s’il n’y avait pas d’agents pour les utiliser. Cela nécessite généralement la création d’un poste de contrôle centralisé (PCC) qui reçoit et gère les informations. Par exemple, un habitant signale un nid de poule sur la voie publique ou le dépôt de déchets devant chez lui. Le PCC peut alors demander aux services techniques d’intervenir. Les gestionnaires de ces services peuvent ainsi mieux programmer leurs interventions.
La LDM : intervenez-vous pour aider la collectivité à déterminer la prestation attendue ?
C.B : oui. A Châlons, nous avons aidé les collectivités à cerner leurs besoins et à rédiger le contrat en conséquence. Nous avons analysé les offres des quatre candidats experts en services numériques et organisé des auditions. La forme contractuelle choisie est celle du marché public de performance, la rémunération du cocontractant dépend donc aussi des résultats qu’il s’est engagé à atteindre. L’investissement est de 35,5 millions d’euros sur 12 ans. 46 % seront financés par les économies que le contrat permettra de réaliser, notamment sur l’éclairage. Notre mission est également d’aider la collectivité publique à trouver les sommes restantes via des subventions publiques.
La LDM : pensez-vous que le service soit accessible aux collectivités de taille plus modeste ? C.B : pourquoi pas, même si l’ingénierie publique nécessaire requiert un certain niveau de mutualisation. La communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette en Moselle mène une expérience intéressante. Il existe désormais des syndicats départementaux qui peuvent aider les communes rurales à se doter de services équivalents à ceux proposés à Châlons, notamment en matière de vidéoprotection ou de déploiement d’objets connectés.
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